L’échéance de mars se rapproche pour une première hausse des taux aux Etats-Unis. La Réserve fédérale (Fed) américaine a affiché mercredi sa détermination à lutter contre l’inflation, ouvrant la voie à un début de relèvement des taux d’intérêt dans moins de deux mois, juste après la fin des rachats d’obligations mis en place pendant la crise sanitaire.
Les membres du comité de politique monétaire de la Fed sont «disposés» à relever les taux à l’issue de leur prochaine réunion, le 16 mars, a indiqué Jerome Powell, le président de l’institution, lors d’une conférence de presse.
La banque centrale avait fixé deux préalables à un tour de vis monétaire : un retour du marché du travail vers le plein emploi et une hausse des prix supérieure à 2%. Deux conditions largement remplies aujourd’hui. Le taux de chômage est tombé à 3,9% en décembre aux Etats-Unis, contre 5,9% en juin. L’inflation hors alimentation et énergie s’est pour sa part établie à 5,7% sur 12 mois en novembre. «La situation en matière d’inflation est relativement plus grave par rapport à la réunion de la Fed de décembre», a estimé Jerome Powell. Il y a «de la place pour relever les taux d’intérêt sans menacer le marché du travail», a-t-il ajouté.
Quatre hausses en 2022 dans le marché
Après ces déclarations, le marché des futures américain intégrait toujours quatre hausses de taux de 25 points de base chacune cette année. «Nous n’avons pris aucune décision sur l’ampleur des hausses de taux», a précisé le banquier central. Dans les projections présentées le mois dernier, les banquiers centraux américains tablaient en moyenne sur trois hausses des taux directeurs en 2022. Ce scénario conduirait le taux des fonds fédéraux à s’établir entre 0,75% et 1% à la fin de l’année.
La Fed a également validé une dernière série de rachats de titres du Trésor et de dette hypothécaire, qui mettront un terme à son programme d’assouplissement quantitatif (QE) début mars. Son bilan, qui atteindra alors environ 9.000 milliards de dollars, sera ensuite réduit. Si la Fed n’a pas fourni de calendrier au sujet de la réduction de son bilan ou des montants visés, Jerome Powell a indiqué que le sujet serait discuté lors d’une réunion postérieure à celle de la première hausse de taux.
Dans un document publié sur son site internet, la banque centrale précise que cette réduction se fera de manière «prévisible» – un terme repris par Jerome Powell lors de sa conférence de presse. La banque centrale entend d’abord cesser les réinvestissements des titres arrivant à échéance dans son bilan. A long terme, elle aurait vocation à ne plus détenir que des emprunts du Trésor américain, «minimisant ainsi l’effet des avoirs de la Réserve fédérale sur l’allocation du crédit dans les différents secteurs de l’économie».
La Fed entend cependant manœuvrer avec prudence, tant la réduction du bilan peut avoir d’effets puissants sur le niveau des taux longs et les prix des actifs. Son approche dépendra de l’environnement économique et financier. Ce qui pourrait aussi expliquer le paradoxe des annonces faites mercredi soir : une poursuite du programme de QE jusqu’à début mars alors même que Jerome Powell juge la taille du bilan déjà «bien au-dessus de ce qui est nécessaire». «Nous pouvons seulement en conclure que la récente volatilité des marchés financiers a conduit la Fed à avancer avec précaution», notent les économistes d’ING.
Alors que Wall Street hésitait à la publication du communiqué de la Fed, le message plutôt restrictif de Jerome Powell a été compris. Les indices actions se sont retournés dans le rouge, tandis que les taux à 10 ans des Treasuries se tendaient de plus de 6 points de base à 1,85%.