Le ministre de l’énergie saoudien, le prince Abdel Aziz Ben Salman, à Riyad, le 9 avril 2020. Le ministre de l’énergie saoudien, le prince Abdel Aziz Ben Salman, à Riyad, le 9 avril 2020. Handout . / via REUTERS

Après deux jours de discussions intenses par visioconférence et de nombreux échanges bilatéraux, les pays exportateurs de pétrole de l’OPEP et leurs alliés au sein de l’alliance OPEP + ont trouvé, mardi 5 janvier, un accord qui maintient un fragile et temporaire statu quo, avec une très légère augmentation de la production. Une formule qui a semblé trouver un écho sur les marchés, en faisant remonter le cours du baril de Brent à 53 dollars (42 euros) dans la soirée de mardi, son plus haut niveau depuis mars 2020.

Après une réunion difficile en décembre, les membres du cartel et la Russie – qui ne fait pas partie de l’OPEP mais occupe un poids prépondérant dans les discussions – s’étaient donné rendez-vous début janvier pour savoir s’ils ouvraient plus amplement les vannes. Depuis mai 2020, ces pays s’imposent des restrictions de production massives pour éviter un nouvel effondrement des cours du baril. Ils étaient alors convenus d’alléger progressivement ces quotas, mais les restrictions de déplacement et le ralentissement économique liés à la crise sanitaire les ont incités à la prudence.

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« La réunion a souligné que la hausse des infections [au Covid-19], le retour à des mesures de confinement strictes et les incertitudes croissantes amènent à une reprise économique plus fragile », explique le cartel dans son communiqué final. Cette formule traduit les inquiétudes d’une partie des pays, pour qui la situation sanitaire risque de continuer à peser sur la demande, en particulier sur le trafic aérien et routier.

Compromis alambiqué

L’Arabie saoudite, le leader de fait du cartel, est particulièrement attentive à ce sujet et craint qu’un relâchement trop fort des quotas ne fasse s’effondrer les prix. Mais la Russie était venue à la réunion avec d’autres intentions et espérait convaincre ses partenaires de relever la production totale de l’alliance OPEP + de 500 000 barils par jour.

Un compromis alambiqué a, finalement, été trouvé. L’Arabie saoudite a créé la surprise en acceptant de réduire volontairement sa production pour laisser la Russie et le Kazakhstan augmenter la leur de 75 000 barils par jour. Finalement, la réduction de production de l’alliance OPEP + passera de 7,2 millions de barils par jour en janvier à 7,125 millions en février, puis 7,05 millions en mars.

Cette réduction marginale permet de préserver les apparences : l’Arabie saoudite veut à tout prix éviter une chute des cours – un baril à moins de 50 dollars est une catastrophe pour son budget. Mais la Russie et le Kazakhstan – les plus gros producteurs de l’alliance à ne pas faire partie de l’OPEP – obtiennent un passe-droit inhabituel. Moscou a un objectif clair en tête : éviter qu’une remontée des prix ne fasse repartir le pétrole de schiste américain, durement touché par la crise et qui n’est pas compétitif en l’état.

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Via : https://www.lemonde.fr