La croissance française surpasse celle de l’Allemagne. Tandis que la France s’engage sur la voie d’une croissance très dynamique qui pourrait tutoyer les 7% en 2021 (6,25% pour l’heure selon les prévisions du gouvernement avant l’annonce d’un troisième trimestre meilleur que prévu), l’Allemagne est empêtrée dans la crise des composants électroniques et la désorganisation des chaînes d’approvisionnement, alors que son PIB repose à près de 47% sur les exportations de biens et services, rappelle la Banque mondiale. Résultat, pour 2021, Berlin a du revoir à la baisse sa prévision de croissance, à 2,6%, contre 3,5%, anticipe désormais le ministère de l’Economie. Pour rappel néanmoins, le PIB allemand s’était moins effondré que dans d’autres pays européens durant la crise sanitaire, avec une récession de 4,9% en 2020, contre 8,3% pour la France. En moyenne dans la zone euro, le PIB avait chuté de 6,4%, selon Eurostat.
Selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI), la France fera mieux en 2021 que la Suisse (+3,7%), l’Espagne (+5,7% ou 6,5% selon le gouvernement), l’Italie (+5,8%), les Pays-Bas (+3,8%), le Portugal (+4,4%). Seule la Grèce va flirter avec des niveaux annuels comparables (+6,5%). L’ex membre britannique de l’UE, qui a amorti le Brexit et le Covid-19 coup sur coup va, lui, engranger +6,8%, selon l’institution.
Le troisième trimestre marque tout aussi cette différence. Parmi 11 pays européens dont les données trimestrielles sont disponibles, la France affiche le deuxième taux de croissance le plus important avec 3% (l’Insee anticipait 2,7% et la Banque de France 2,3%), derrière l’Autriche (+3,3%), tandis que l’Italie enregistre 2,6%. L’Allemagne a, elle, plafonné à +1,8%, et son PIB reste inférieur de 1,1% au niveau du dernier trimestre de 2019, selon l’institut Destatis.
Pour l’instant, l’économie française se montre moins dépendante de ces flux commerciaux paralysés, profitant même du ralentissement pour continuer à exporter mais à importer moins. Si bien qu’au troisième trimestre, la contribution du commerce extérieur à la croissance est positive de 0,6 point de PIB.
En zone euro, la croissance générée reste moindre, à +2,2% au troisième trimestre par rapport au trois mois précédents.
Conséquence de la politique du « quoi qu’il en coûte », comme l’avance le gouvernement d’Emmanuel Macron, ou simple effet de rattrapage, notamment avec une consommation des ménages qui repart ? Selon plusieurs économistes, la France fait moins preuve de résilience dans l’après Covid-19 que de bénéficier encore, en réalité, et de manière différée, des effets de la reprise post pandémie dont elle n’a pas encore fini de consommer tous les fruits.
Et après les effets de la reprise consommés ?
« La solide hausse du PIB en zone euro au troisième trimestre signifie que la phase de reprise est quasiment terminée dans la plupart des pays de la zone euro », a commenté dans une note Andrew Kenningham, économiste en chef pour Capital Economics.
La question se pose après cette phase. Beaucoup d’entreprises vont en effet être confrontées au remboursement de leur PGE (prêt garanti par l’Etat) dans les prochains mois.
Des baisses d’impôts en Italie pour maintenir la croissance
Quoi qu’il en soit, la prévision de croissance de la France est un sujet sensible, puisqu’elle est liée au budget de l’Etat en 2022. Pour éviter les dérapages budgétaires, le rebond va devoir tenir ses promesses.
A l’inverse, en Italie, pour continuer à stimuler la croissance, la loi de finances prévoit des baisses d’impôts et taxes de 12 milliards d’euros l’an prochain, et près de 28 milliards supplémentaires en 2023 et 2024.
Autre potentiel boulet au pied sur le Vieux continent, l’inflation a bondi en septembre à 4,1%, au plus haut depuis plus de 13 ans, en raison d’une envolée continue des prix de l’énergie.
Enfin, au niveau mondial, la France ne sera pas la seule nation dans la course à la reprise. L’embellie attendue est aussi forte, à +6% cette année, selon les prévisions du Fonds monétaire international.
(Avec AFP)
La croissance française progresse plus fortement que prévu
Via : https://www.latribune.fr