
Ce sont 24,2 milliards de dollars (dont 20,2 milliards sur les ETFs) qui ont été retirés du marché mondial des actions la semaine dernière, un montant inédit depuis mars 2020. Aux Etats-Unis (-28,6 milliards), il s’agit de la plus importante sortie de capitaux depuis février 2018. | Crédits photo : Bank of America Securities
Il est beaucoup question de crise énergétique ce mardi en Bourse, avec les prix du gaz, de l’électricité et du charbon qui atteignent, sur les marchés, des records. Cela alimente les craintes d’inflation, cela fait peser un risque sur la croissance ; l’industrie pourrait être forcée de réduire la production en raison du renchérissement des coûts (en Chine, la hausse des prix du charbon freine déjà la production d’électricité). A Paris, le Cac 40 chute de 2%, avec TotalEnergies qui constitue l’une des seules hausses de l’indice. Les prix du pétrole flambent aussi. Le cours du Brent de la mer du Nord s’échange à plus de 80 dollars le baril, au plus haut depuis trois ans. Avec la réouverture de l’économie permise par les vaccins, la demande est forte à un moment où l’offre est contrainte. Aux Etats-Unis, par exemple, le passage des ouragans Ida et Nicholas a laissé des traces et la production reste amputée dans le golfe du Mexique, en Louisiane et au Texas.
« La flambée des prix depuis le début de l’année est stagflationniste », rapportait jeudi Bank of America Securities dans son « Flow Show » hebdomadaire qui fait le point sur les entrées et les sorties de capitaux sur l’ensemble des classes d’actifs. « Le gaz naturel alimente 40% de la production d’électricité aux Etats-Unis et au Royaume-Uni et 20% de l’électricité dans l’Union européenne », font remarquer les stratégistes de la banque. L’explosion des coûts d’expédition est également un frein à la croissance : « Il y a dix-huit mois, le coût d’un container de quarante pieds envoyé de Shanghai à Los Angeles/Rotterdam/New York était de 2.000 dollars. Il est maintenant de respectivement 12.000/14.000/16.000 dollars. Les trois quarts de la hausse de l’indice des prix à la consommation au sein des pays du G20 sont dus à l’augmentation des coûts d’expédition et des matières premières. »
Gros dégagements dans les fonds « infrastructures »
L’inquiétude autour de la stagflation grandit en Bourse. Jeudi, Bank of America Securities constatait que, pour la première fois cette année, les actions mondiales ont subi des sorties nettes de capitaux la semaine dernière. Ce sont 24,2 milliards de dollars (dont 20,2 milliards sur les ETFs) qui ont été retirés du marché, un montant inédit depuis mars 2020. Aux Etats-Unis (-28,6 milliards), il s’agit de la plus importante sortie de capitaux depuis février 2018, largement gonflée par les dégagements quasi-historiques dans les fonds « infrastructures » provoqués par le pessimisme grandissant autour du plan de 3.500 milliards de dollars voulu par le président américain Joe Biden et qui a bien du mal à emporter l’adhésion du Congrès.

Les sorties de capitaux dans les fonds « infrastructures » enregistées la semaine dernières sont les deuxièmes plus importantes de l’histoire | Crédits photo : Bank of America Securities
Appelé « Build Back Better », ce plan gros comme le PIB 2020 de l’Allemagne (il inclut des dépenses sociales et des investissements dans la lutte contre le réchauffement climatique sur dix, s’ajoutant aux 1.200 milliards de dollars de rénovation des infrastructures routières, ferroviaires, eau ou encore Internet) est le plus ambitieux depuis le New Deal des années 30. Une nouvelle relance budgétaire qui arriverait à point nommé alors que la Fed, la banque centrale américaine, va commencer à réduire son soutien à l’économie à travers le système bancaire.